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L’AME ET L’AMOUR
L’histoire de Psyché appartient à une famille de contes populaire très vieux. Il a eu plusieurs
transformations, mais on retrouve un schéma constant. Le modèle peut se subdiviser en six parties avec
une logique unique :
1. Un mariage unit un humain (la jeune fille) à un partenaire surnaturel qui, frappé d’un mauvais sort,
a pris la forme d’un animal ou d’un monstre
2. Un tabou détermine la vie du couple : la gemme ne peut voir son époux, ou en révéler l’identité à
autrui ; si elle obtient la permission de retourner dans sa famille, elle doit revenir avant une date
fatidique.
3. La jeune fille transgresse l’interdit ; le rôle néfaste du tentateur, incarné ou non par les sœurs,
intervient souvent
4. Le mari ayant disparu, l’épouse entreprend une quête, qui correspond à un période d’errance
5. Pour racheter sa faute, elle se soumet à des épreuves, dont elle ne triomphe qu’avec l’aide d’une
puissance magique
6. Elle retrouve le mari perdu, le partenaire recouvre sa forme humaine.
Le paradigme de la Belle et la Bête rattache l’histoire de Psyché à l’un des archétypes de l’imaginaire
collectif. L’illustration mythique qu’on rencontre est liée à deux thèmes : la référence à la pratique
initiatique et aux rituels des religions à mystère et les coutumes nuptiales et d’interdits liés au mariage.
La peur du mari monstrueux symbolise le dégout de l’enfant devant la laideur du sexe : la fille ne veut pas
quitter sa famille parce qu’elle redoute l’abjection d’un mari bestial, qui lui arrachera sa virginité. Mais le
passage à l’âge adulte implique l’acceptation du partenaire et la substitution de l’amour à l’horreur. Face
aux épreuves de l’initiation, l’époux apparait finalement comme un prince charmant. Les contes du cycle
enseignent aux enfants que leur terreur n’est pas fondée.
…
La source de La Fontaine a été Apulée. L’Ane d’or (ou Les Métamorphoses) est un roman latin qui raconte
l’histoire de Psyché (livres IV – VI). Le récit du roman ce centre dans la transformation de Lucius en âne,
donc cette narration de Psyché peut sembler une digression. En réalité il a un lien : Lucius a perdu sa forme
humaine, Psyché a perdu son époux et les deux commencent une errance qui est même une quête, avec
des épreuves. Lucius redévient homme grâce à Isis, tandis que Psyché accède à la divinité grâce à Cupidon.
Théorie platonicienne : l’amé subit l’incarnation comme une chute et un emprisonnement. Elle est séparée
de son origine (le monde des essences) mais elle se souvient et aspire à réintégrer la perfection première.
L’amour est le désir de ce qui manque, donc il intervient comme l’agent de cette rédemption. Il libère l’âme
des liens de la matière.
Théorie de Plotin : l’âme, après un exil sur la terre, se libère de la pesanteur et accomplit l’union avec Dieu.
– Théorie repris pas les chrétiens.
La première partie du récit (jusqu’au forfait) peut se lire comme une série de variations sur le thème de
l’âme captive de la tyrannie des sens. La séduction des apparences rende Psyché aveugle aux joies de
l’esprit. Elle se perçois comme une beauté physique. Elle contemple avec avidité la splendeur de la
décoration du palais, partout des miroirs, des œuvre-d ’art lui renvoient sa propre image : elle n’aime
qu’elle-même. Le passage de Psyché dans un autre monde au débout de l’histoire symbolise un rite
d’initiation. L’épreuve a échoué, dévorée par le désir de voir, Psyché lève la lampe sur Cupidon.
Le second livre raconte le parcours de l’expiation, selon les étapes d’une trajectoire familière : errance,
souffrance, épreuves et purification. Psyché est conduite à une mort symbolique, elle arrive à une vie
meilleure. Les obstacles qui entravaient la progression de l’esprit sont évacués : abandon des riches habits,
perte de la beauté, sacrifice de l’amour-propre. Le renoncement favorise un apprentissage positif : dans
l’épisode du vieillard, elle découvre les vertus de la solitude et de l’introspection. Psyché sera aimée par
Cupidon pour son âme et son esprit et non pour son physique. Elle découvre le pur amour, l’union des
esprits.
…
Deux morales se superposent, dont le désaccord trouble l’économie de la fable : l’attrait des corps et le
charme de la beauté physique sont des composantes nécessaires de l’amour, et la conquête de la sagesse
avec la perte du plaisir et de la beauté.
JOUER AVEC LE FEU
A’ travers les étapes mouvementées de son éducation sentimentale, Psyché passe par tous les degrés de
l’amour pour aiguiser l’analyse des émotions. L’amour conduit à tout. La Fontaine s’interroge ò de variation
affective : l’attirance, la tendresse, la félicité, les passions violentes. Il y a même des considérations sur la
curiosité et la coquetterie des femmes, inspirées par une misogynie ou un sexisme qu’on ne cherchera pas
à défendre.
Les trois destinataires de Poliphile ont chacun une personnalité et des gouts dessinés, qui entrainent des
conduites contrastées : le rire, la pitié, la mélancolie. Le récit a des airs d’ingénuité et des exemples d’une
forte charge érotique : les corps nus de Psyché, de Vénus, de Cupidon stimulent plus l’imagination et la
sensualité du spectacle. Il y a même des visions plus perverses comme celle de la flagellation, ou le regard
sadique de Cupidon qui se repait comme un voyeur des souffrances infligées à l’héroïne. Il aime ses pleurs,
il jouit de la voir trembler.
…
Poliphile est un homme du monde et il sait que les bienséances sont une condition de la sociabilité. Libérer
les instincts ou mettre l’art à leur service, ce serait accepter l’animalité de l’homme. Psyché est une vaste
entreprise de ragoulement, un plaidoyer pour les surfaces polies, comme une méditation sur les censures
nécessaires pour garantir la dignité de la personne et la civilité dans la vie publique. Le traitement ambigu
du thème de la curiosité montre une double postulation : la stratégie du non-dit pour attiser la curiosité de
Psyché (Cupidon lui explique que sa volonté de savoir est coupable et mène à la catastrophe). En théorie la
curiosité est un noble mouvement de l’esprit, mais pratiquement elle découvre ce qui devrait rester caché :
la nudité de l’homme, le secret des dieux. Psyché craint de coucher avec un monstre, issu d’un malentendu
sur le sens de l’oracle, fiction créée par la jalousie ou par la peur
…
Pour définit le ton de l’œuvre et le gout du public, la Préface utilise trois notions : le galant, la plaisanterie,
la badinerie (poètes mondains, spécialistes du mot d’esprit, de l’épigramme gracieuse et piquante avec un
ton enjoué).
L’ATELIER DU RECIT
Les poèmes rompent la continuité graphique et rythmique de la prose pour y introduire des accents plus
recherchés. Longues pièces en alexandrins à rimes plates ou morceaux brefs et irréguliers, entrainent à leur
tour des niveaux de style différents.
Choisir un style singulier (histoire, roman ou poésie) ce serait réduire la richesse de la matière, ou risquer
de déplaire à une partie du public. Mais les jucstaposer signifie tomber dans une incohérence au bon gout.
Il passe donc à un style nouveau qui contienne plusieurs voix. Il utilise le terme de « tempérament », qui
appartient au vocabulaire de la musique : altération des intervalles pour éviter les dissonances. Il
appartient même à la langue de la médecine : composition, dans le corps, des quatre liquides élémentaires.
L’analogie est claire : l’organisme réalise le mixage et l’équilibrage des tendances adverses, comme en
littérature un sujet varié demande un style composite. Les images et les épisodes dans lequel le récit
thématise son propre fonctionnement ne se détachent pas de la cohérence de l’histoire. Toute une
poétique accompagne l’intrigue.
…
Le débat central des quatre amis et leurs interventions critiques reprennent la question du
« tempérament ». Parmi les trois auditeurs de Poliphile (qui est un artiste du mixage) on retrouve trois
personnages qui incarnent les trois piliers de la littérature classique :
• Ariste : défend le plaisir des larmes et la noblesse de la compassion. Il défend la tragédie.
• Gélaste ; il préfère le rire. Il défend le comique.
• Acante : il aime les baux paysages, il a l’âme tendre et mélancolique. Il peut être associé à l’élégie
ou à la pastorale.
...
Les amis n’incarnent pas seulement le débat des genres, ils jouent aussi les rôles de l’auteur, des lecteurs et
illustrent l’importance décisive du public dans la genèse de l’œuvre. Fidèle à la logique de son projet
réflexif, La Fontaine installe ses personnages dans un monde qui ressemble à un musée, et multiplie
l’évocation d’œuvres d’art, comme pour exhiber le statut même du récit. Le texte doit se montrer comme
produit de l’art, afin que le public ne puisse oublier que l’objet de son plaisir est d’abord un objet
esthétique. La Fontaine favorise la participation émotive, le bon lecteur est un esprit clairvoyant qui sait<