Rousseau, Jean-Jacques - La Nouvelle Héloïse

Jean-Jacques Rousseau - La Nouvelle Héloïse

Julie ou La Nouvelle Héloïse constitue une exaltation de la nature qui est capable de purifier le cœur humain, malgré la corruption de la société. Le titre du roman souligne l’analogie entre la protagoniste et Héloïse, la fille amoureuse d’Abélard, éprise comme elle de son précepteur et dont l’amour est impossible. C’est un roman par lettres, conformément à une mode du temps, très répandue. Ce genre épistolaire permet à Rousseau d’avoir recours à un style spontané qui s’accorde bien aux mouvements d’une âme sensible comme celle de la protagoniste.
Julie d’Etange est une jeune fille noble qui est tombée amoureuse de son précepteur, Saint-Preux qui, au contraire n’appartient pas à la même classe sociale qu’elle. Un mariage pareil est donc impossible. Les péripéties de cet amour causent la mort de la mère de la fille. Prise par les remords, Julie renonce à Saint-Preux et elle épouse M. de Wolmar, en suivant ainsi la volonté de son père. Lorsque Julie obtient de Saint-Preux qu’il consente à s’éloigner d’elle, le jeune homme est au comble du désespoir. Pour décrire l’état d’âme du jeune homme, Rousseau utilise une syntaxe très irrégulière; en effet, les phrases sont coupées d’interrogations ou d’exclamation, le monologue est discontinu et dramatique et tout cela permet de traduire le désarroi de la pensée.

En proie à ce fort désespoir, Wolmar voudrait se tuer, mais un ami arrive à le lui empêcher. Six ans après, mous retrouvons Julie qui mène une vie heureuse avec ses deux enfants : son mari connaît son secret et il appelle chez lui Saint-Preux pour le guérir de sa souffrance, en lui proposant de devenir le précepteur de ses enfants. La confiance réciproque, la vertu de Julie et de Saint-Preux rendent possible cette vie à en commun. Ainsi, tout le monde peut profiter de sa part de bonheur. Un jour un des deux enfants de Julie tombe dans le lac de Genève ; elle se jette à l’eau pour le sauver, et elle tombe malade. Elle meurt très chrétiennement. Parmi les pages les plus intéressantes parce qu’elles développent un thème qui sera très cher aux Romantiques et qui sera repris par Lamartine dans L e Lac, est celle où Saint-Preux raconte une promenade qu’il a faite avec Julie, désormais devenue Madame de Wolmar, là où, au temps de leur amour, il était venu passer quelques semaines. C’est le thème de la correspondance et d’une certaine complicité entre l’homme et la nature. La phrase est très souple et musicale et traduit la suite des sentiments. Il s’agit là d’un genre littéraire tout à fait nouveau qui annonce la prose poétique que, quelques années plus tard , on retrouvera chez Chateaubriand.