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BIOGRAPHIE DE FLAUBERT
1821
Naissance d’un enfant chez les Flaubert, de Rouen : l’aîné, Achille (comme son père, successeur
désigné) a déjà huit ans ; deux autres sont morts en bas âge ; le cinquième se présente un 12
décembre à 4 heures du matin. Vivra-t-il ? En attendant de le savoir, on le prénomme Gustave.
« Je suis né à l’hôpital (de Rouen — dont mon père était le chirurgien en chef ; il a laissé un nom
illustre dans son art) et j’ai grandi au milieu de toutes les misères humaines — dont un mur me
séparait. Tout enfant, j’ai joué dans un amphithéâtre. Voilà pourquoi, peut-être, j’ai les allures à la
fois funèbres et cyniques. Je n’aime point la vie et je n’ai point peur de la mort » (à Mlle Leroyer de
Chantepie, 30 mars 1857).
« Quels étranges souvenirs j’ai en ce genre ! L’amphithéâtre de l’Hôtel-Dieu donnait sur notre
jardin. Que de fois, avec ma sœur, n’avons-nous pas grimpé au treillage et, suspendus entre la
vigne, regardé curieusement les cadavres étalés ! Le soleil donnait dessus : les mêmes mouches qui
voltigeaient sur nous et sur les fleurs allaient s’abattre là, revenaient, bourdonnaient ! (...) Je vois
encore mon père levant la tête de dessus sa dissection et nous disant de nous en aller. Autre cadavre
aussi, lui. » (à Louise Colet, 7 juillet 1853).
Le père Flaubert a trente-sept ans ; la mère, Justine-Caroline née Fleuriot, vingt-huit : elle descend
d’une Cambremer de Croixmare, que la nièce de Flaubert confondra avec l’illustre famille du même
nom. Flaubert crut-il au sang bleu du côté maternel ? Bouvard et Pécuchet retrouveront trace de
l’ascendance de leur auteur : « L’arbre généalogique de la famille Croixmare occupait seul tout le
revers de la porte » (Bouvard et Pécuchet, chap. 4). Voilà pour la famille apparente, celle qui lui fait
écrire, à vingt-six ans : « Je ne peux pas m’empêcher de garder une rancune éternelle à ceux qui
m’ont mis au monde et qui m’y retiennent, ce qui est pire » (à Louise Colet, 21 janvier 1847).
Quant à la famille réelle, généalogie de l’imaginaire : « Malgré le sang de mes ancêtres (que
j’ignore complètement et qui sans doute étaient de fort honnêtes gens ?), je crois qu’il y a en moi du
Tartare, et du Scythe, du Bédouin, de la Peau-Rouge. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il y a du moine »
(à Louise Colet, 14 décembre 1853). Ce 12 décembre 1821, tout au plus fit-il semblant de naître
pour la première fois et de venir au monde, alors qu’il y revenait : « J’ai vécu partout par là [en
Grèce], moi, sans doute, dans quelque existence antérieure. — Je suis sûr d’avoir été, sous l’empire
romain, directeur de quelque troupe de comédiens ambulants, un de ces drôles qui allaient en Sicile
acheter des femmes pour en faire des comédiennes, et qui étaient, tout ensemble, professeur,
maquereau et artiste » (à la même, 4 septembre 1852).
1824
Naissance de Caroline, sœur aimée, compagne de jeu, partenaire au théâtre, dans les pièces
démarquées du répertoire que Gustave monte sur le billard (table de jeu).
1825
Julie entre au service des Flaubert, comme nourrice, puis domestique. Elle y restera cinquante ans :
c’est la mesure du temps provincial : le « demi-siècle de servitude » de Catherine Leroux décorée
dans Madame Bovary, le « demi-siècle » de dévouement de Félicité, dans Un cœur simple,
hommage à Julie. Elle materne Gustave jusqu’à sa mort : « Je satisfais mes besoins de tendresse en
appelant Julie après mon dîner, et je regarde sa vieille robe à damiers noirs qu’a portée maman » (à
sa nièce, 18 janvier 1879). Elle survivra trois ans à Flaubert.
1829
Début de l’amitié avec Ernest Chevalier. « Je suis dévoré d’impatience de voir le meilleur de mes
amis celui avec lequel je serait toujours amis nous nous aimerons, ami qui sera toujours dans mon
cœur. Oui ami depuis la naisance jusqua la mort » (1829-1830 ; sic pour les fautes).
1831
À peine sait-il lire qu’il écrit. « Ami je t’en veirait de mes discours politique et constitutionnel
libéraux. (...) Je t’en veirait aussi de mes comédie. Si tu veux nous associers pour écrire moi,
j’écrirait des comédie et toi tu écriras tes rèves, et comme il y a une dame qui vient chez papa et qui
12
nous contes toujours de bêtises je les écrirait » (à Ernest Chevalier, vers le premier janvier). La
Bêtise, le désir de l’écriture en collaboration sur le double pupitre... Ses premiers écrits conservés :
un résumé du règne de Louis XIII (« À maman pour sa fête ») et Trois pages d’un Cahier d’Écolier
ou Œuvres choisies de Gustave Flaubert comprenant un « Éloge de Corneille » (« Au mon cher
compatriote (...). Pourquoi es-tu né si ce n’est pour abaisser le genre humain ? »), suivi de « La belle
explication de la fameuse constipation » : « La constipation est un resserrement du trou merdarum »
(pages publiées par Jean Bruneau, Les débuts littéraires de Gustave Flaubert, éd. Armand Colin,
1962, p. 39-41).
1832
Amitié, théâtre, écriture et lecture mêlés : « Je m’en vais commencé une pièce, qui aura pour titre
L’amant avare » (à Ernest Chevalier, 15 janvier) « (...) mais non je ferai des Romans que j’ai dans
la tête. qui sont la Belle Andalouse le bal masqué. Cardenio. Dorothée. la mauresque le curieux
impertinent le mari prudent » (au même, 4 février). Projets inspirés de Don Quichotte, sur lequel
Flaubert prend (déjà) des notes. « Quand je m’analyse, je trouve en moi, encore fraîches et avec
toutes leurs influences (...) la place (...) [de] Don Quichotte et de mes songeries d’enfant dans le
jardin, à côté de la fenêtre de l’amphithéâtre » (à sa mère, 24 novembre 1850). « Je retrouve toutes
mes origines dans le livre que je savais par cœur avant de savoir lire, Don Quichotte » (à Louise
Colet, 19 juin 1852). 15 mai 1832 : entrée au Collège Royal de Rouen, en classe de huitième.
1833
Voyages familiaux en Normandie, à Nogent, et tourisme à Versailles, Fontainebleau, Paris :
Flaubert retient surtout sa sortie au théâtre. « Louis-Philippe est maintenant avec sa famille dans la
ville qui vit naître Corneille. Que les hommes sont bêtes, que le peuple est borné... » (à Ernest
Chevalier, 11 septembre).
1834
Vacances à Trouville. Une rencontre avant la rencontre de 1836 : « Se baignait alors une dame, oh
une jolie dame (...) le lendemain (...) nous avons appris (...) qu’elle était noyée oui noyée, cher
Ernest, en moins d’un quart d’heure » (26 août). Premier « fantôme » de Trouville... Embêtement de
l’existence : « Si je n’avais dans la tête et au bout de ma plume une reine de France au quinzième
siècle, je serais totalement dégoûté de la vie et il y aurait longtemps qu’une balle m’aurait délivré de
cette plaisanterie bouffonne qu’on appelle la vie » (à Ernest Chevalier, 29 août).
1835
L’élève Flaubert lance au Collège un journal manuscrit Art et Progrès dont il est le rédacteur-
copiste, avec la collaboration d’Ernest Chevalier. Dans le second numéro (le premier n’a pas été
retrouvé) on peut lire un « Voyage en enfer », « Une pensée » (d’amour), des « Nouvelles » et une
rubrique « Théâtres ». « Je vous apprendrai que tous les professeurs ont lu mon journal ; dans le
prochain numéro, je vous donnerai les détails sur cette affaire ». Il n’en eut pas le loisir : le journal
disparut, peut-être supprimé par les autorités du Collège. Il lit et écrit par devoir et pour le plaisir,
pliant les exercices scolaires, réunis dans Narrations et discours, 1835-1836, à un tempérament très
personnel, vibrant surtout au « frisson historique ». Rencontre de Louis Bouilhet, en cinquième.
1836
Pendant les vacances de l’été 36, rencontre d’Élisa Schlesinger, « Madame Maurice », liée à un
éditeur de musique allemand. Elle a vingt-six ans, il en a quinze. Coup de foudre ou coup mythique,
comme le prétend Jacques-Louis Douchin dans La vie érotique de Flaubert (éd. Carrère, 1984) ?
Qu’importe le degré de réalité ou de sincérité de l’amour, seul compte son pouvoir de cristallisation
de l’éternel féminin flaubertien et de dissémination imaginaire dans les écrits autobiographiques et
dans les deux Éducations. À Louise Colet : « (...) je n’ai eu qu’une passion véritable. Je te l’ai déjà
dit. J’avais à peine 15 ans, ça m’a duré jusqu’à 18. Et quand j’ai revu cette femme-là après plusieurs
années j’ai eu du mal à la reconnaître. — Je la vois encore quelquefois mais rarement, et je la
considère avec l’étonnement que les émigrés ont dû avoir quand ils sont rentrés dans leur château
délabré » (8 octobre 1846). On pense, bien sûr, à la dernière rencontre entre Frédéric et Madame
Arnoux. L’année où Flaubert écrit cette lettre à sa maîtresse, 1846, les Schlesinger se sont installés
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à Bade. En 1872