L’Astrée
phares sont de Honoré d’Urfé (roman fleuve à plusieurs tomes qui
raconte les amours contrastées de Astrée et Céladon, d’inspiration pastorale
Clélie, Histoire romaine
et mythologique) et de Madeleine de Scudéry
(roman héroïque, allégorie de l’amour représenté par la Carte de Tendre,
une carte d’un pays imaginaire qui incarne le cheminement vers l’amour). Les
sujets de ce courant sont l’héroïsme des protagonistes, l’amour idéaliste et
chevaleresque atteint après des épreuves, les obstacles surmontés par des
êtres d’exception. Mais la préciosité est aussi un phénomène langagier, qui
veut se distinguer avec l’esthétisation du langage. Les caractéristiques du
parler précieux sont l’évitement des termes considérés comme bas et
fenêtre la porte du
vulgaires, le recours aux périphrases métaphoriques ( :
jour mine air
), l’emploi des néologismes qui deviennent des mots à la mode ( , ,
beau monde exactitude gratitude
, , ) et la conversion de plusieurs adjectifs
le tendre le nécessaire -ment furieux
en substantifs ( , ) ou en adverbes en (
furieusement
> ).
La galanterie
La galanterie est liée à la préciosité en se caractérisant - selon l’historien de la
littérature Alain Viala - comme « un courant à la fois littéraire et social ». Le
mot est polysémique et ses connotations évoluent au fil du siècle en donnant
lieu à une ambiguïté fondamentale entre activité de divertissement qui
comporte de puissantes séductions et des risques de déconsidération. La
notion genrée (moderne et académique) d’homme galant raffine celle de
l’honnête homme en indiquant quelqu’un de vif, entreprenant, tandis que celle
de femme galante décrit une femme qui cherche les intrigues amoureuses.
La notion affirme d’abord (1640-1650) les valeurs de politesse en lien avec la
convivialité et la préciosité en littérature, mais ensuite elle gagne des
connotations négatives, en développant le sens de fadeur (insipidité et
banalité) et des intrigues comme des liaisons amoureuses illicites.
Le Misanthrope
N.B.: l’honnête homme (Philinte dans ) est celui qui respecte
la bienséance.
Madame de Lafayette ( 1634 - 1693 )
Marie-Madeleine Pioche de la Vergne nait à Paris en 1634, descendante
d’une famille appartenant à la petite noblesse française. Sa mère est au service de
la duchesse Rose-Madeleine d’Aiguillon, tandis que son père est un écuyer du
roi. Elle se marie avec le comte de Lafayette en 1655 et s’installe à Paris quatre
ans plus tard. Elle commence ici à fréquenter les personnalités les plus
importantes du siècle (Ménage, La Rochefoucauld, Huet, Segrais) et à écrire ses
premières œuvres, qui restent toutefois seulement personnelles et sous
l’anonymat. On rappelle le portrait de Madame de Sévigné, la correspondance
à Ménage (225 lettres conservées), deux parodies des langages à la mode et
3
des textes en prose écrits dès la jeunesse et jusqu’en 1665, disparus. Les
La Princesse de Montpensier
œuvres qui lui ont été attribuées sont (1662),
Zayde La Princesse de Clèves La Comtesse de Tende
(1669-1671), (1678),
Histoire d’Henriette d’Angleterre
(1723), (1718). Son écriture suit une
logique de distinction vers le haut à travers les périphrases, l’abandon des
archaïsmes, des néologismes, d’infinitifs ou de participes en se penchant vers un
appauvrissement de la langue. Cette épuration se passe au niveau général
dans un sens moral: la langue doit être honnête et chaste et rejeter non
seulement toutes les expressions qui blessent la pudeur mais aussi celles qui
peuvent être mal interprétées. Comme la langue sale l’imagination, le style
doit déterminer tout ce qu’on peut déterminer à travers des images pas trop
inattendues qui expriment des idées à partir de l’usage.
Le roman héroïque
Tout au long du XVIIe siècle, il y a un succès foudroyant du roman héroïque qui
L’Astrée
sera enfin substitué par l’essor de la nouvelle. Le roman fleuve de
Honoré d’Urfé est le chef de file du roman baroque en présentant un cadre
antique et pastoral, des protagonistes unis par un amour pur, des obstacles et
des péripéties, une fin heureuse, des intrigues secondaires emboîtées dans
l’intrigue principale. Entre 1625 et 1655, il y a un effort de systématisation du
genre à travers des préfaces théoriques, mais un écart se forme entre les
règles énoncées (respect du naturel/de la vraisemblance dans une structure
simple et logique) et la pratique romanesque inspirée à l’épopée et au
goût de l’invraisemblance, des coups de théâtre, des intrigues compliquées et
de la psychologie stéréotypée. Les principaux romans héroïques des années
Polexandre Cassandre Cléopâtre
1640-1660 sont de Gomberville, , ,
Faramond ou l’histoire de France Ibrahim ou l’illustre
de La Calprenède,
Bassa Artamène ou le Grand Cyrus Clélie, Histoire romaine
, et de Georges
et Madeleine de Scudéry. Ils partagent les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire
medias res
l’ouverture in , l’unité de temps d’un an, les personnages très
nombreux aux rôles identiques, l’intrigue avec les héros séparés, les
péripéties ou preuves pour leur amour et leur fidélité et le mariage final, le
style périodique ample qui présente des lettres et des conversations pour
pauser la narration avec de beaux endroits.
La nouvelle ou histoire galante
À partir de 1660, la vague du roman héroïque s’arrête à cause de
l’écrasement de la Fronde, du pessimisme et de la démolition du héros. Les
invraisemblances et les exagérations sont rejetées avec l’essor d’un nouveau
genre, la nouvelle ou histoire galante marquée par un changement de
paradigme formel, moral et stylistique. La nouvelle a donc une forme brève, un
récit linéaire et chronologique sans digressions ni interruptions, un cadre
spatio-temporel proche, une peinture vraie des passions néfastes et un
style épuré avec des phrases courtes, une langue dépouillée et un point de
vue extérieur aux événements.
La Princesse de Montpensier 4
Madame de Lafayette se protège sous l’anonymat parce que - en tant
qu’aristocrate - il est dangereux pour elle de publier des contes. Le roman a
un succès immédiat grâce à son mélange de l’histoire et de la galanterie et à sa
liberté de ton qui introduisent une forme nouvelle. Le conte est vraiment concis
et bref. Il est tout d’abord caractérisé par une relation de concomitance entre
l’amour (plan subjectif) et les guerres religieuses (plan collectif). Le roman
présente l’amour de la protagoniste pour le duc de Guise comme une force
négative subie de forme involontaire sans en expliquer les raisons. Par
rapport au roman héroïque, où l’amour est noble et vertueux, la conception
de l’amour change en le présentant comme coupable, dégradant, le résultat
du destin ou de la fatalité. Le style frappe les lecteurs de l’époque car il
renonce à la flamboyance du roman héroïque pour une narration riche de
superlatifs, hyperboles et litotes qui donnent un air distingué au récit.
Quant aux éléments de l’intrigue, il y a une passion contrariée et réciproque
entre la Princesse de Montpensier et le duc de Guise qui se rencontrent
après longtemps et un mariage imposé avec le Prince de Montpensier qui est
la cause de tous malheurs. La jalousie est présentée comme une récurrence
ordinaire de l’amour qui dégrade la passion et l’héroïsme.
Chabannes est l’ami et le confident du Prince qui malgré sa passion aide la
Princesse à accomplir son adultère. La nouvelle se termine sur la maladie et la
mort de la protagoniste, qui succombe à ses passions dans le but de rejoindre
un bonheur impossible à atteindre selon la vision janséniste de l’autrice.
Les imaginaires langagiers du Grand Siècle
Au XVIIe siècle, il y a une évolution des sensibilités esthétiques et
langagières. L’absolutisme comporte un art codifié qui doit imiter fidèlement
la nature et donner le sentiment de la beauté à travers l’embellissement ou
l’exclusion des éléments bas et triviaux.
Les représentations artistiques sont vraisemblables, possibles et croyables,
respectent les bienséances du public (juge par excellence) et doivent susciter
un sentiment de plaisir en respectant une opinion commune (doxa). L’art est
donc soumis à une volonté de codification qui se base sur l’harmonie,
l’élégance, la sobriété anti-baroque, le style naturel et les formes brèves
(maximes). Le beau langage doit par conséquent être épuré pour ressembler à une
eau pure et nette qui n’a pas de goût. La prééminence du français comporte un
travail de fixation de la langue dont les principaux représentants sont François
de Malherbe et Claude Favre de Vaugelas. Le premier est un poète
arrangeur de syllabes qui affirme la soumission des œuvres à des règles
fixes. Le deuxième est un grammairien pragmatique et empirique qui remarque
la valeur normative et stabilisatrice des usages orales du français en
affirmant que les plus diffusés (adoptés par l’élite aristocratique) sont destinés
-
La Princesse de Clèves
-
Letteratura francese 1 - Il romanzo francese
-
Letteratura francese - Madame de La Fayette
-
Compito letteratura francese "Atelier sulla princesse de Cleves livello intermedio"