Fabrizio Del Dongo
Genius
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Concetti Chiave

  • Le texte décrit un environnement de misère extrême où les habitants souffrent constamment de la faim, illustré par des images puissantes de famine et de désespoir.
  • Gervaise, la protagoniste, vit dans un logement insalubre après avoir perdu sa blanchisserie, symbole de sa déchéance sociale inévitable.
  • Zola utilise la technique du point de vue pour présenter une description crue et réaliste, reflétant la perspective de Gervaise sur son environnement oppressant.
  • Le vocabulaire est imprégné de termes liés à la faim et à la souffrance, soulignant la fatalité sociale qui pèse sur les personnages.
  • Le naturalisme de Zola vise à exposer les conditions limites de la classe ouvrière, en utilisant un langage emprunté au parler des ouvriers pour renforcer l'authenticité du récit.

Indice

  1. Texte à analyser
  2. Analyse

Texte à analyser

Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle. Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s'ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par moments, des danses s'élevaient1, des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper leur estomac. On était là dans une crampe au gosier générale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu'à respirer cet air, où les moucherons eux-mêmes n'auraient pas pu vivre, faute de nourriture. Mais la grande pitié de Gervaise était surtout le père Bru, dans son trou, sous le petit escalier. Il s'y retirait comme une marmotte, s'y mettait en boule, pour avoir moins froid; il restait des journées sans bouger, sur un tas de paille. La faim ne le faisait même plus sortir, car c'était bien inutile d'aller gagner dehors de l'appétit, lorsque personne ne l'avait invité en ville. Quand il ne reparaissait pas de trois ou quatre jours, les voisins poussaient sa porte, regardaient s'il n'était pas fini. Non, il vivait quand même, pas beaucoup, mais un peu, d'un œil seulement ; jusqu'à la mort qui l'oubliait ! Gervaise, dès qu'elle avait du pain, lui jetait des croûtes. Si elle devenait mauvaise et détestait les hommes, à cause de son mari, elle plaignait toujours bien sincèrement les animaux ; et le père Bru, ce pauvre vieux, qu'on laissait crever, parce qu'il ne pouvait plus tenir un outil, était comme un chien pour elle, une bête hors de service, dont les équarrisseurs2 ne voulaient même pas acheter la peau ni la graisse. Elle en gardait un poids sur le cœur, de le savoir continuellement là, de l'autre côté du corridor, abandonné de Dieu et des hommes, se nourrissant uniquement de lui-même, retournant à la taille d'un enfant, ratatiné et desséché à la manière des oranges qui se racornissent sur les cheminées. (d’après L’Assommoir)

Analyse

Le Naturalisme, dont Zola a été le chef de file, prolonge le courant réaliste et il le complète : il ajoute au désir de vérité dans la présentation des faits un souci d’étude scientifique du réel. Par conséquent, sous l’influence de la philosophie positiviste et du développement des sciences sociales, le roman naturaliste devient un instrument d’analyse la réalité humaine. C’est pourquoi Zola a une prédilection pour les situations limites (aujourd’hui on dirait « borderline ») et pour les contextes qui déchaînent une crise ou un affrontement : ils s’offrent à l’observation par des traits plus saillants. Dans L’Assommoir, Zola veut montrer la fatalité sociale qui pèse sur les pauvres : la déchéance de Gervaise n’est pas due, comme pour Madame Bovary à son sentiment d’insatisfaction (ou bovarysme) mais à la misère sociale dont elle n’a pas pu se défaire. Dans ce texte, on retrouve la protagoniste dans un logement insalubre, lorsqu’à la suite de toute une série d’ennuis, elle a dû vendre la blanchisserie qu’elle était arrivée à avoir avec tant de sacrifices. Zola ne nous montre pas Gervaise en harmonie avec le lieu, comme faisait Balzac avec ses personnages (cfr. description de la pension Vauquer). Ici, le lieu étouffe le personnage jusqu’à l’ écraser. Le vocabulaire est cru et il est emprunté parfois au parler des ouvriers. La description est faussement objective car c’est par le regard de Gervaise que nous découvrons le spectacle (technique du point de vue).
Dans ce texte, Zola nous peint la classe ouvrière par des procédés différents. Tout d’abord il les situe dans un milieu sordide où la famine est personnifiée: « en effet, Gervaise souffrait encore des faims qu’elle entendait râler autour d’elle », « la faim ne le faisait plus sortir » Le champ lexical concernant la faim est très présent : faim, m’avoir pas de pain tous les jours, odeurs de cuisine, ventre vide, mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper l’estomac, les bouches tendues, faute de nourriture, se nourrissant uniquement de lui-même, les murs sonnaient creux comme des ventres vides. Le caractère angoissant de l’atmosphère où vit Gervaise et tous les autres locataires est rendu par le champ lexical concernant la misère et la souffrance: souffrait, râle, larmes de femmes, plaintes de mioches, crampe au gosier générale, pitié, la mort qui l’oubliait.

Domande da interrogazione

  1. Quel est le thème principal du texte analysé?
  2. Le texte met en avant la misère sociale et la fatalité qui pèse sur les pauvres, illustrée par la déchéance de Gervaise dans un environnement insalubre.

  3. Comment Zola utilise-t-il le cadre pour renforcer le message du texte?
  4. Zola utilise un cadre sordide et oppressant pour montrer comment l'environnement étouffe et écrase le personnage de Gervaise, soulignant la fatalité sociale.

  5. Quelle technique littéraire Zola emploie-t-il pour décrire la situation de Gervaise?
  6. Zola utilise la technique du point de vue, décrivant la scène à travers les yeux de Gervaise, ce qui rend la description plus subjective et immersive.

  7. Comment la faim est-elle personnifiée dans le texte?
  8. La faim est décrite comme une présence constante et oppressante, avec un champ lexical riche incluant des termes comme "ventre vide" et "bouches tendues", soulignant la souffrance des personnages.

  9. Quel est le rôle du père Bru dans le texte?
  10. Le père Bru symbolise l'abandon et la déchéance ultime, vivant dans des conditions inhumaines, ce qui suscite la pitié de Gervaise malgré sa propre misère.

Domande e risposte