Introduction
Les lettres anglaises occupent une place de reliefs dans la production littéraire de Voltaire. Il avait connu en Angleterre des mœurs e des institutions qui étaient en contraste avec les institutions et les mœurs français.Éloge de la société anglaise
Un grand nombre de personnages l’avait reçu cordialement, à savoir certains hommes d’état, la duchesse de Marlborough, le duc de Newcastle, le prince et la princesse de Galles, bientôt roi et reine. Pendant son séjour, il s’était rendu compte qu’Angleterre on mettait le savoir et le génie à l’honneur. Il avait aussi observé un pays qui vivait prospère parce que les commerçants s’y trouvaient à l’égal des aristocrates en raison de leur utilité : personne n’était exempté des impôts et il n’y avait aucun privilège. Par conséquent, aux paysans il n’était pas empêché de s’enrichir parce que les affaires nationales étaient dirigées, non par des courtisans, mais par une élite active de gens de savoir, de négociants et d’artisans, autrement dit par la partie la plus respectable de la société. À la tête de ce peuple actif dans le commerce et dans l’industrie, il avait vu un gouvernement sage et libéral, appuyé sur une constitution, partagé et équilibré entre le roi et les deux Chambres, la Chambre des Pairs et la Chambre des Communes. Enfin, il avait constaté que plusieurs religions vivaient ensemble et en paix sur le territoire anglais et qu’un Anglais « avait la liberté d’aller au ciel » par le chemin qui lui plaisait »Comparaison avec la France
Voilà donc tout ce que Voltaire avait pu comparer avec ce qui existait en France : unification religieuse et despotisme royal, privilèges devenus sans raison du clergé et de la noblesse, injustice des impôts, mépris des privilèges pour les marchands, artisans et travailleurs considérés toujours suspects, les sciences et la littérature souvent objet d’une surveillance serrée. Et voilà alors qu’il met en évidence l’opposition entre la France et l’Angleterre : il expose son expérience récente de l’Angleterre et critique la situation française, à coups de remarques de longue portée. À ce propos il écrit : »Je ne sais pas lequel est le plus utile à l’État, ou un seigneur bien poudré qui sait précisément à quelle heure le roi se lève, à quelle heure il se couche et qui se donne des airs de grandeur en jouant le rôle d’esclave dans l’antichambre d’un ministre, ou un négociant qui enrichit son pays, donne son cabinet des ordres à Surate et au Caire et contribue au bonheur du monde. »Les thèmes
Les vingt-quatre lettres qui composent le livre traitent les sujets suivants : la religion, le régime politique, la philosophie de Bacon et de Locke, la science de Newton, le théâtre de Shakespeare, la littérature de Pope e de Swift, la conditions sociale des gens de lettres. Elles contiennent les principes de toutes les idées futures.On a dit que Les lettres anglaises ont été la première bombe lancée contre l’Ancien Régime. Les vues nouvelles du livre en étaient d’autant plus dangereuses que Voltaire les présentait dans un style ironique et mordant, vif et persifleur, parfois éloquent, bien fait pour alerter l’opinion publique.