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Chénier et son temps
L’esprit de la période pendant laquelle a vécu André Chénier comportait une philosophie libertine de la vie, une pensée acquise à la supériorité de la raison et de la science ainsi qu’un manque absolu de poésie.Les premières œuvres
Il vécut une partie de sa vie en épicurien en écrivant des poèmes d’amour sensuel sans profondeur de sentiment. Il composa aussi des Odes à la manière de Pindare, un poète de la Grèce classique qu’il admirait beaucoup et se passionna surtout pour les grandes vues scientifiques et philosophiques. Il entreprit aussi un poème gigantesque – Hermès – qui aurait dû chanter la puissance de la nature, la formation de la terre, l’apparition des animaux, celle des hommes, la naissance de las société et le progrès de l’humanité dans tous les domaines. Le dessein de Chénier était de faire, avec les connaissances de son temps, ce que Lucrèce avait fait avec celles de l’antiquité (De rerum natura). En définitive il voulait devenir le Lucrèce français du XVIII siècle, après avoir lu l’Histoire naturelle de Buffon.Il avait aussi le projet d’écrire d’autres poèmes scientifiques ou philosophiques: l’Amérique, la Superstition.
Il a écrit une partie d’un important poème satirique sur la République des lettres.
Des œuvres sans avenir
Dans l’ensemble, ce type de poésie didactique ne pouvait pas avoir un futur à cause de l’ennui dérivé des dénombrements, es allégories, les comparaisons à n’en plus finir, les développements oratoires. Il se rendait compte que tout en acceptant la poésie contemporaine et même tout en utilisant certains procédés de cette poésie, notamment la périphrase, le style poétique du siècle, pauvre et aride, froid et sans couleur, n’avait plus d’avenir.L’inspiration classique et les nouveaux apports
André Chénier était né d’une mère grecque à Constantinople où son père était consul de France. Il fut le écrivain de son temps à lire les livres des Anciens, à sentir l’antiquité toujours vivante, à s’approcher des vieux poètes grecs, d’Homère et des lyriques latins, influencés par le culte de la Grèce classique. Grâce à tous ces études, il introduit des nouveautés inconnues aux poètes de son temps , c’est-à-dire:• Un style pur, des formes harmonieuses
• Une métrique rénovant le traditionnel système poétique français, instruit par le rythme des vers grecs, Chénier assouplit l’alexandrin, varie les coupes à l’hémistiche et pratique l’enjambement à la césure et à la rime.
Parallèlement il introduit une conception nouvelle de l’imitation des Anciens. Jusqu’à lui on empruntait aux Anciens les sujets et on voulait être original seulement dans la forme. Par contre, il emprunte à l’Antiquité la forme et invente la matière poétique. Autrement dit, il imite non plus les œuvres antiques, mais seulement la méthode des Anciens et être moderne comme eux-mêmes l’avaient été en leur temps. Cette conception est exposée dans le poème Invention elle est résumée dans le vers suivant:
«Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques»
On retrouve l’imitation de l’antiquité grecque dans des idylles come l’Aveugle, le Mendiant, le Malade, l’Oaristys, La jeune Tarantine.
Les Iambes
Mais l’œuvre la plus complète et intéressante sont les Iambes, que l’auteur a composé dans la prison de Saint-Lazare le veille de mourir et qu’il faisait passer à son père dans des paquets de linge à blanchir. S’inspirant du iambe grec et du iambe latin, il exprime son invective contre les oppresseurs et les bourreaux, il y méprise la frivolité des victimes e il crie son aspiration à vivre encore pour agir; il s’agit de satyres lyriques.Chénier, un précurseur
Lorsque l’œuvre de Chénier parut en 1819, très admirée par Hugo, Lamartine e Vigny, le poète passa bientôt comme un précurseur du Romantisme. En effet sa tendance à la poésie personnelle, dérivant du cœur, les innovations métriques et l’ évocation de la vie antique ont influencé l’école romantique; on retrouve des traces de Chénier chez tous les poètes du XIX siècle, même chez Hugo e de Musset.Toutefois il faut ajouter deux choses:
1) par la pensée e quelquefois par le goût aussi, Chénier reste trop attaché au classicisme, désormais périmé
2) Par la qualité formelle de ses vers, Chénier annonce les poètes parnassiens.