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Le contrôle linguistique: clarté, pureté, soumission de la langue
1635 Création de l'Académie Française. La de Richelieu sur l' 'associationmainmiseamicale' qui était née en 1629 et qui réunissait des érudits et des lettrésamoureux de langage dit la direction que va prendre non seulement l'Académie, mais la politique linguistique de la France à partir de ce moment. Le but recherché était une nouvelle définition de la langue française : règlement de (plus ou moins ce que nous appellerions aujourd'hui l'élocution discours), ordre interne au système et Parler d'élocution signifie que ce n'est pas tant ou pureté. seulement la langue dans sa structure de (grammaire, lexique) qui fait l'objetsystèmede l'attention des Académiciens, que tout ce qui règle le discours,
Faire du français la langue nationale et internationale, et pour ce faire travailler à le rendreet : voilà pour le projet politique et idéologique. Bien sûr aucun projet politiqueclair purne pourrait vraiment réussir sans qu’une culture ne soit
déjà prête à l’accueillir, et le besoinle traversent la réflexion littéraire et linguistique depuis lad’ordre, rationalismeRenaissance. Mais si l’ordre était recherché, il l’était selon des esthétiques différentes, alorsque ce sera uniquement la à s’imposer.classiqueD’ailleurs, quoi de plus ambigu que cette notion de qui s’impose ; la pureté est enpuretémême temps morale et intellectuelle, et le de Mauvillon (1751, un siècle plusTraité sur le styletard) insiste sur cette idée de de laquelle il faut sauver la langue française :corruptionQuant à leurs fonctions (celles des Académiciens) qu’elles seroient de nettoyer la langue des orduresqu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du Palais (le Parlement, quiest, rappelons-le, un Tribunal) et dans lesimpuretés de la chicane (encore une fois, le langage juridique), ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l'abus de ceux qui la corrompent en l'écrivant... (Cit dans CHAURAND, p. 235).
Dans la (affaire de jalousies littéraires, mais très significative du rôle que Querelle du Cid désormais le pouvoir politique va recouvrir dans cette question) les principaux que griefs l'on adresse à Corneille sont de type : concordance des temps verbaux et leur linguistique cohérence avec l'unité de temps de la pièce (peut-on dire "la lettre que j'écrivis hier" ? Non, car 24 heures ne sont pas passées) ; phrase "louche" (qui donne lieu à des ambiguïtés de type trivial).
La leçon essentielle que l'on tire de cette question est en tout cas la suivante : la création et elle va l'être à partir de ce moment,
quel quelittéraire est désormais affaire d'État, soit le pouvoir (Monarchie Absolue, Révolution, Roi Citoyen, Empereur, Troisième République). Elle l'est en partie encore, en positif et en négatif. En positif, car la littérature continue de constituer pour tout français un facteur d'identification nationale, un lieu de reconnaissance et de valeurs communes. En négatif, évidemment, car ceci a signifié pendant très longtemps l'exclusion du Canon Littéraire des auteurs qui refusaient de se plier à cet ensemble de règles. Cette de certaines exigences linguistiques (clarté, pureté) passe aussi par une canonisation œuvre dont on a trop et trop peu dit : les de Vaugelas (1647), qui définit le "Bon Remarques usage" comme "La façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façondécrire de la plus saine partie des Autheurs du temps » (cit à la p. 237). Vaugelas et enregistre un ensemble sociolinguistique précis (la Cour) et n'est pas observedogmatique comme on a la tendance à le croire. Son 'manuel' se fonde sur desqui sont de rigueur dans un milieu restreint autour de 1650, et si cesconvenancesconvenances ont pris le statut d'une idéologie immobiliste c'est grâce aussi à un malentenduhistorique (prôné par Boileau, Bouhours, etc.). Il reste que l'usage, le proposebon usage,une idée élitiste de la langue française, qui restera (et souvent reste, dans la démarcation parexemple entre l'écrit et l'oral) l'apanage des classes au pouvoir, ou du moins du cercle desintellectuels.Purisme et perfection1 HIST., LITTÉR. Chez les anciens, liste, catalogue des auteurs considérés commemodèles du genre dans une matière. Canon d'Alexandrie, canon des auteurs classiques (cf. TAINE, Voyage en Italie, t. 2, 1866, p.199). TLF, ad vocem. Par extension, l'ensemble d'œuvres qui peuvent être considérées comme exemplaires d'une culture.
Dans cette situation, on n'est pas surpris de voir le règne de Louis XIV poser les Tables Définitives de la Loi sur la question Langue/Littérature :
Le nouveau siècle d'Auguste a rempli cet office ; une génération d'écrivains a représenté la maturité achevée de la langue et de l'esprit, dans le théâtre de Racine devenu son symbole, au point que le XVIII siècle se l'est donné comme référence absolue (p. 240).
Et encore :
La raison d'une soumission si unanime et si complète à des règles si épineuses, est dans
L'esprit général de l'époque, toute de centralisation et d'autorité. Le régime auquel est soumise la langue est le régime de tout l'Etat (BRUNOT, cit. dans CHAURAND à la p.241)
La langue française court dès lors le risque de l'immobilité et encore en 1908 Proust écrira à une amie : "Les seules personnes qui défendent la langue française (comme l'Armée pendant l'affaire Dreyfus), ce sont celles qui l'attaquent."
Attaquer la langue signifie en effet renouveler, dépasser cette frontière qui paraît infranchissable de la langue classique, devenue à son tour un mythe et soumise (elle le sera surtout au XVIII siècle) aux "corrections" pointilleuses de Voltaire.
La diffusion de la langue française. Même avant la fondation de l'Académie plusieurs initiatives avaient été.
Prises pour la diffusion de la langue française :
- 1624 : soutenance de thèses en français
- 1636 : conférences scientifiques tenues en français
- 1637 : Descartes, qui lie l'expression française et "la raison naturelle toute pure" (ce dernier étant probablement le fait le plus important même si les conséquences furent longues à se manifester : la langue française est en elle-même rationnelle, son essence est la raison)
- 1641 : Richelieu fait ouvrir un Collège moderne où l'enseignement est professé en français
Un autre genre d'initiatives est à relever dans l'histoire de la langue française :
A propos du mythe de la langue parfaite et de la clarté voir Henri Meschonnic, De la langue française, Hachette, Paris 1997
francisation de la culture : le travail des savants, qui au XVII siècle est intense et vivace, et se fait désormais en français.
1665 : Création du « Journal des savants »
1684 : Les « Nouvelles de la République des Lettres », périodique international
1726 : Publication du Traité des Etudes de Rollin, qui donne le premier rang à l'enseignement du français
1734-1745 : de Réaumur, premier grand texte de haute spécialité Histoire Naturelle des Insectes qui fasse de la langue française une langue « technique »
1759 : dans l’ « illustre maison de Sorèze » (Collège de Bénédictins) on institue l’enseignement SANS latin
Quand l’Encyclopédie commence à paraître, les jeux sont faits : la langue française est au premier rang des intérêts, culturels, institutionnels, politiques.
Le Dictionnaire, publié en 1694, suscita plusieurs attentes et critiques (organisation non alphabétique, retard, etc.) mais il était en fait une œuvre importante et significative de nombreux points de vue.
D'abord, le fait que le Dictionnaire recense uniquement des exemples non littéraires nous offre aujourd'hui un témoignage irremplaçable sur la langue de la Cour au XVIIe siècle. Le Dictionnaire se bâtit en effet autour d'une société, et non autour d'un corpus de textes.
Secundo, le Dictionnaire va devenir une autorité linguistique et réglementer l'évolution de la langue française, rôle qu'il recouvre encore aujourd'hui (voir site Académie, statut et rôle). Il est bien de rappeler en ce contexte que la France investit encore aujourd'hui énormément dans la recherche et l'enseignement de la langue française.