Concetti Chiave
- Don Juan est un personnage théâtral emblématique dont les origines précises sont difficiles à déterminer, popularisé d'abord en Espagne puis en Europe dès le XVIIe siècle.
- Le premier Don Juan célèbre apparaît dans la comédie "El Burlador de Sevilla" de Tirso de Molina, où il séduit des femmes de toutes classes sociales et défie la morale.
- Molière représente Don Juan comme un aristocrate cynique et cruel, une critique sociale de son époque.
- Le mythe de Don Juan persiste à travers les œuvres de divers auteurs européens du XIXe siècle, incarnant la transgression et le défi à la morale religieuse.
- Le Don Juan de Mozart, mis en musique en 1787, symbolise le désir de liberté de l'homme moderne, peu avant la Révolution française.
Est difficile indiquer avec certitude l’année et le lieu de naissance du personnage de don Juan, représenté au théâtre par nombre d’auteurs, en Espagne d’abord puis dans toute l’Europe, à partir du XVIIe siècle. Le premier don Juan célèbre est celui d’une comédie, El Burlador de Sevilla (Le Trompeur de Séville, 1630) de l’Espagnol Tirso de Molina; un don Juan voué à la moquerie et la volupté baroque des masques: il séduit des femmes de toutes les classes sociales en prenant la place, déguisé, de leur fiancé.
Son jeu devient tragique lorsqu’il tue Don Gonzalo, le père d’une jeune fille qu’il a séduite; c’est la statue de Don Gonzalo, qu’il a osé défier en l’invitant à dîner, qui finira par l’entraîner en enfer.De nombreuses compagnies d’acteurs italiens et français reprennent cette intrigue sous forme de farce, en insistant sur les acrobaties et les bouffonneries du serviteur de don Juan, qui n’est autre, parfois, qu’Arlequin.
Molière, quant à lui, peint ce personnage avec plus de sérieux: il en fait l’incarnation d’une classe sociale, l’aristocratie cynique et cruelle, habituée à dominer et exempte de toute foi religieuse.
Quoi qu’il en soit, tous les don Juan, même ceux du XIXe siècle comme celui de l’Allemand Ernst T. A. Hoffmann ou du poète anglais George Gordon Byron, reprennent en le parodiant un aspect qui garantit la vitalité du mythe: le goût de la transgression, du défi, de l’orgueilleuse résistance dont fait preuve l’homme face à la religion et à la morale. C’est d’ailleurs là l’aspect le plus fascinant du Don Juan mis en musique par Mozart d’après le livret de Lorenzo da Ponte. En 1787, deux ans avant la Révolution française, le Don Juan de Mozart semble incarner, avec son extraordinaire vitalité, le désir de liberté de l’homme moderne.