Concetti Chiave
- Théophile Gautier évoque une nouvelle vision du monde littéraire, soulignant l'importance de la langue et de la prosodie.
- Il décrit une tension palpable entre les partisans du classicisme et du romantisme lors d'une représentation théâtrale.
- L'utilisation audacieuse de l'enjambement dans une pièce provoque des débats sur l'évolution de la poésie.
- Les critiques classiques voient l'enjambement comme un signe de désordre, tandis que les romantiques y trouvent une beauté nouvelle.
- Les discussions passionnées autour du vers illustrent le choc culturel entre tradition et innovation littéraire.
Théophile Gautier, écrivain, poète et surtout adepte fervent d’une nouvelle vision du monde, l’évoque, en prêtant une grande attention à la langue et à la prosodie de ce drame mémorable.
«L’orchestre et le balcon étaient pavés de crânes académiques et classiques. Une rumeur d’orage grondait sourdement dans la salle; il était temps que la toile se levât; on en serait peut-être venus aux mains avant la pièce, tant l’animosité était grande de part et d’autre.
La querelle était déjà engagée. Ce mot rejeté sans façon à l’autre vers, cet enjambement audacieux, impertinent même, semblait un spadassin de profession, allant donner une pichenette sur le nez du classicisme pour le provoquer en duel.
– Eh quoi! dès le premier mot l’orgie en est déjà là? On casse les vers et on les jette par les fenêtres! dit un classique admirateur de Voltaire avec le sourire indulgent de la sagesse pour la folie. […]
– Mais ce n’est pas une négligence, c’est une beauté, répliquait un romantique […] … C’est bien à l’escalier / Dérobé… Ne voyez-vous pas que ce mot dérobé rejeté, et comme suspendu en dehors du vers, peint admirablement l’escalier d’amour et de mystère qui enfonce sa spirale dans la muraille du manoir! quelle merveilleuse science architectonique […] [Il] voyait sans doute trop de choses dans ce rejet, car ses commentaires développés outre mesure lui attirèrent des chut et des à la porte, dont l’énergie croissante l’obligea bientôt au silence.» (Théophile Gautier, Victor Hugo, 1902 posth.)