Foire du Lendit

Foire du Lendit

La foire du Lendit se tenait près de Paris, à partir du XIe siècle, le long de la route reliant Saint-Denis à la capitale. C’était une des foires les plus célèbres et fréquenté du Royaume de France. Elle avait lieu au mois de juin et elle durait quinze jours : elle débutait le deuxième mercredi de juin et durait jusqu'au 23 juin, veille de la Saint Jean-Baptiste. Le jour de l’ouverture, une procession solennelle partait de Notre-Dame et se rendait sur le champ de foirer et au cours de la cérémonie, l’évêque bénissait le peuple des marchands. Les marchands venaient de partout : de la champagne, de la Flandre, de la Normandie, du Midi, de l’orient, de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Russie. Les uns venaient par les routes, les autres par les rivières. Sur le vaste champ de foirer, à perte de vue, des tentes abritaient les tables chargées de marchandises les plus variées: laines et tapis d’Amiens, d’Arras ou de Lille ; toiles de Flandre, de Champagne, de Normandie; cotonnades du Levant et d’Italie; mousselines de l’Inde, soieries d’Italie et de l’Orient ; des fourrures de Russie, des cuirs d’Espagne et du Maroc; du plomb et de l’étain d’Angleterre, des harengs du Danemark et des épices de l’Orient.
Le Lendit est à l'origine une fête religieuse: "Endit" du latin « indictum » dérivé du verbe » indicere », qui donna "Lendit" ou "Landy". (ce que l’on fait avec l’index, lieu dit, lieu désigné). Déjà à l’époque des Gaulois, Chaque année, à l’époque du solstice d’été les chefs des tribus et les druides se retrouvaient dans des endroits définis, pour aborder les grandes questions collectives et régler les différends, ce qui se faisait en même temps des rites religieux et de sacrifices. Ces rassemblements multipliaient les occasions de vendre et d’échanger ; ces rencontres annuelles attiraient des marchands venus d’horizons lointains selon le modèle des foires qui se développèrent au Moyen-Âge et structurèrent les échanges commerciaux européens pendant des siècles.

Officiellement, selon la tradition chrétienne, la Foire du Lendit, doit sa naissance à l'ouverture de la châsse reliquaire de saint Denis, le 9 juin 1053, qui coïncida avec l'exposition en public des reliques de la Passion (l'un des Clous et une partie de la Couronne d'épines). Des indulgences exceptionnelles furent accordées à ceux qui visiteraient la basilique à cette occasion. Aussi, cet événement religieux prit-il de l'ampleur et généra l'afflux de marchands pour subvenir aux besoins des nombreux pèlerins. Il faut souligner que les moines de Saint-Denis avaient tout intérêt à éliminer le souvenir païen de la foire et en même temps de la favoriser, car elle constituaient une grande source d’argent.
À partir du début du XIIe siècle les échanges commerciaux sont transférés dans la Plaine, à mi-chemin entre Paris et Saint-Denis . Les baraquements du champ de foire étaient montés chaque année suivant un schéma d'implantation comparable à celui d'un lotissement. L'abbaye fournissait, aux frais des tenanciers, les matériaux nécessaires à la construction des loges : planches de bois, perches, toiles et bâches. Il existait également une halle aux cuirs, installée dans la grange du Lendit.
En 1426, le Lendit s'interrompt 18 ans, en raison de la guerre de Cent Ans. En 1556, Henri II fait transférer la foire à l'abri des remparts de la ville. Sous prétexte d’insécurité (a cause de la présence de brigandas), de risque d’incendies, de coûts pour installer et désinstaller les infrastructures éphémères et approvisionner pendant 15 jours des milliers de gens au milieu d’une plaine l’Abbaye obtient du Roi de faire déplacer la Foire à l’intérieur des murs de Saint-Denis par un arrêt de 1556 . La Foire du Lendit prit dès lors un aspect tout à fait différent pour se rapprocher davantage d’un marché de rue assez banal.