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ESAME DI STATO DI LICEO LINGUISTICO - 2003
Tema di: LINGUA STRANIERA
TESTO DI ATTUALITÀ – LINGUA FRANCESE
(comprensione e produzione in lingua straniera)
Les étoiles naissent dans la douleur
Décryptage des valeurs et des codes de ce monde clos, où la quête de l’excellence repose sur la
déformation du corps et la résistance à la souffrance, au moment où des syndicats dénoncent des
mauvais traitements infligés aux «petits rats» de l’Opéra de Paris On pourrait commencer par
l’escalope crue bien juteuse qui, glissée dans les chaussons de pointes, soulage le feu du frottement.
Cette méthode n’est qu’un aperçu de ce que le danseur qui forge son corps à la technique du ballet
classique est prêt à endurer. Dans le conflit qui oppose les syndicats à la direction de l’Ecole de
danse du Ballet de Paris, il est question de maltraitance, de harcèlement moral: sans préjuger de
l’issue juridique des débats en cours, il est apparu urgent de comprendre comment se fabrique ce
corps, objet de tous les fantasmes, donc de malentendus inévitables. Car il s’agit bien d’une
fabrication, d’un façonnage autant que d’un dressage, avec son langage d’initiés, ses secrets trop
bien gardés, ses archaïsmes pédagogiques.
Pour constituer cet autre corps, quasi mutant, il faut en passer par l’«en dehors», pivot articulaire
essentiel autour duquel s’enroulent et se déroulent les figures que sont le grand écart, l’arabesque et
la fameuse 5 e position, qui se claque les pieds parallèles, chacun dans un sens opposé. Cet en
dehors s’acquiert en décalant l’alignement naturel de la hanche, du genou et du pied pour le tourner
vers l’extérieur. Ce changement d’axe doit commencer sur des sujets très jeunes, malléables,
prédisposés physiquement à l’obtention de ce corps artificiel, antiphysiologique. A ce détournement
du squelette, il faut ajouter l’apprentissage des pointes pour les filles.
Observer un pied de danseur, c’est pénétrer dans son intimité. On découvre un véritable champ de
bataille où se chevauchent pansements et bandages. On se rappelle Sylvie Guillem répétant Don
Quichotte: elle dansait comme une reine, légère, mutine, souffrant sans relâche d’un œil de perdrix.
«Un danseur a toujours mal quelque part, c’est banal quand on se sert de son corps huit heures par
jour», explique Ghislaine Thesmar, ancienne étoile de l’Opéra, qui se consacre aujourd’hui à
l’entraînement des professionnels de haut niveau, dont Sylvie Guillem. «Toute ma vie j’ai souffert
d’avoir le deuxième doigt de pied plus long que le gros orteil. Mais, en scène, l’adrénaline chasse
la douleur. On traverserait des murs pour aller danser.»
Marie-Agnès Gillot, une des très belles danseuses de l’Opéra, affirme: «Mes pieds ne se sont jamais
habitués aux pointes. Je suis obligée de me préparer très tôt, au moins une heure avant le spectacle.
J’ai dansé, je l’avoue sans crainte, car tous et toutes nous le faisons, avec une foulure, une entorse.
Je souffre avant et après, mais je ne sens rien de rien quand je danse!» Cette résistance est le
résultat de dix ans minimum d’apprentissage intensif, puis d’entraînement quotidien. Elle est le prix
à payer pour le nirvana de la scène.
A écouter les danseurs, cette extase vaut le coup. De l’âge de 8 ans à la quarantaine (retraite à 40
ans pour les femmes, 45 ans pour les hommes), ils vivent avec l’idée que leur corps est l’instrument
de leur gloire ou de leur échec. Le véhicule d’un plaisir à nul autre pareil ou d’une frustration
autodestructrice sans fond. Car la souffrance physique et la souffrance psychique souvent se