Concetti Chiave
- La correspondance de Madame de Sévigné offre une riche chronique du XVIIe siècle, mêlant récits d'événements marquants et descriptions vivantes de la haute société française.
- Elle détaille le procès de Fouquet avec une précision journalistique, capturant les moments clés et les intrigues entourant l'affaire.
- Madame de Sévigné documente la mort de Turenne et d'autres événements nationaux, avec un souci d'exactitude et une narration qui évolue au gré des nouvelles informations.
- Sa correspondance dépeint la vie à la Cour de Versailles ainsi que la vie provinciale, offrant des aperçus des mœurs, des événements sociaux et des voyages de l'époque.
- Les lettres de Madame de Sévigné transcendent la chronique pour devenir une source historique, abordant des sujets comme les guerres, les finances royales et les scandales de la Cour.
Indice
Généralités
La correspondance de Madame de Sévigné a un grand intérêt historique car on y trouve une riche chronique de tout un siècle, sous deux formes:1) récits d’événements marquants, faits à la manière moderne des grands reportages
2) images pittoresques et vivantes de la haute société française au XVII siècle
À propos de la correspondance de Madame de Sévigné, Lamartine l’ a appelée «le commérage à huis clos d’un siècle immortel», mais il a eu tort. Au contraire, c’est un témoignage attentif et documenté d’une informatrice parfaitement lucide et placée à la bonne source, car Madame de Sévigné fréquentait régulièrement la Cour et elle recevait beaucoup de monde chez elle.
Les récits d’événements marquants et d’intérêt national sont ceux d’une grande journaliste qui aurait écrit à l’intention d’une histoire future, pour lui « conserver » les choses vues. Un des événements les plus intéressants est celui du procès de Fouquet.
Le procès de Fouquet
Fouquet était un surintendant aux finances sous Louis XIV. Il fut arrêté et accusé de détournement de fonds.Dans une série de lettres au marquis de Pomponne, Madame de Sévigné donne l’essentiel de l’interrogatoire et des témoignages, note les incidents d’audience, marque les attaques soudaines et violentes portées par l’accusé à l’accusation, évoque le réseau des intrigues autour du tribunal. Fouquet défendait sa position et son amie était dans l’angoisse: cela ne lui ôte rien de sa lucidité, mais lui donne de l’éloquence et de l’éclat; les comptes rendus sont tour à tour colorés de joie ou de tristesse et ils ont toujours le mouvement de la vie.
La mort de Turenne
Madame de Sévigné a raconté la mort de Turenne avec le même souci d’exactitude et de vérité. Certes, elle n’y avait pas assisté sur le champ de bataille; mais elle a interrogé et enquêté et chaque fois qu’elle apprenait de nouveaux détails, elle écrivait une nouvelle lettre pour compléter sa narration. Entre autres narrations du même ordre, il faut compter la révolte de Bretagne et la mort de Louvois où, comme dit Sainte-Beuve elle atteint le niveau de Bossuet, le grand orateur du même siècle.La société contemporaine
Les récits des événements nationaux restent exceptionnels. Au contraire, c’est tout le long de la Correspondance que se déroulent les images de la société contemporaine. Tantôt il s’agit d’un événement important de la Cour (mariage de la Grande Demoiselle, noces de Mademoiselle de Louvois, suicide de Vatel, le célèbre pâtissier et cuisinier de Louis XIV qui se suicida, ne croyant pas être à la hauteur de son rôle) ou de menus scandales dont la marquise tire des anecdotes piquantes, ou encore des gens plus ou moins connus dont elle trousse les portraits en caricature, tout en les appelant de leur nom. Très souvent, ce sont des tableaux de mœurs.La vie à Versailles et en province
Madame de Sévigné peint également le tableau d’une journée à Versailles, fait entendre des conversations des courtisans, reconstitue une représentation théâtrale, une fête et fait voir comment vivaient femmes, jeunes filles, jeune gens de l’épique. Il ne faut pas oublier les chroniques de la mode, les chroniques littéraires: par exemples, presque toutes les «premières» de Racine.Après la vie à Paris, la vie en province et à la campagne. Avec la marquise, nous assistons aux États de Bretagne, nous prenons les eaux à Vichy et à Bourbon, nous vivons dans une maison de campagne.
Le lecteur suit madame de Sévigné dans ses voyages. La voici dans une calèche à six chevaux ; son oncle l’abbé, son secrétaire, ses femmes de chambre l’accompagnent. L’été on part dès la fin de la nuit pour voyager à la fraîcheur. La marquise regarde le paysage en rêvant, ou bien on lui lit un livre. Une fois, elle descendit la Loire en coche d’Orléans à Nantes, pour rejoindre son château, «Les Rocher ». On était en septembre, le fleuve avait peu d’eau: le coche s’ échoua dans la nuit et se trouva, donc, bloqué. En se guidant sur un chien qui aboyait, on découvrit une cabane où deux ou trois femmes filaient. Tout le monde coucha sur la paille fraîche sans se déshabiller. Rembarqués au petit jour, «nous ramons tous», écrit la marquise.