Concetti Chiave
- Le mot « diable » est profondément enraciné dans la langue française à travers des locutions populaires comme « pauvre diable » et « se faire avocat du diable ».
- L'expression « tirer le diable par la queue » remonte au XVIIe siècle, signifiant travailler dur pour gagner sa vie, et est évoquée par des auteurs comme Scarron et Maurice Ray.
- Les locutions sont souvent issues d'événements concrets plutôt que de concepts abstraits, ce qui explique leur persistance et leur vivacité dans la langue.
- Historiquement, une bourse vide était associée au diable, en raison de la croix sur les anciennes pièces de monnaie, symbolisant un manque d'argent malgré le travail acharné.
- En italien, l'équivalent de « tirer le diable par la queue » est « Faticare a sbarcare il lunario », illustrant une similitude culturelle dans l'expression des difficultés financières.
Indice
Le mot « diable » dans les locutions françaises
Le diable est un personnage très important dans le mythologie occidentale des siècles passés. Dans l’imagination populaire, c’est le rival de Dieu. Donc. En tant que chef de l’opposition, le diable, dit Satan, ou Lucifer, ou encore Malin, a laissé de nombreuses traces dans l’histoire de la langue. Les plus vivantes encore à l’heure actuelle sont les locutions telles que «pauvre diable», «aller au diable», «se faire avocat du diable». Ce dernier se dit à propos du religieux qui, à Rome, est chargé de contester les mérites du futur saint dans une procédure de canonisation – ainsi que l’expression courante « tirer le diable par queue».
Excursus dans l’histoire de la langue
L’expression ne paraît pas très ancienne; les premiers exemples remontent à la première moitié du XVII siècle. Scarron fait dire à un comédien du Roman Comique qui date du 1615: «Je brouille un peu de papier aussi bien que les autres; mais si je faisais des vers aussi bons la moitié que vous me venez de lire, je se serois pas réduit à tirer le diable par la queue et je vivrois de mes rentes.» En 1625, l’expression est définie: «Travailler fort pour gagner sa vie».Vers la moitié du XX siècle, en 1957, Maurice Ray, auteur du Dictionnaire des locution françaises, explique ainsi l’expression: «L’homme dénué de ressources et au bout d’expédients finit par recourir à l’assistance du diable; ce dernier le repusse, tourne le dos au malheureux qui l’implore, pour l’induire davantage en tentation, l’autre, alors, le tire par la queue.»Il faut préciser que les locutions naissent généralement à partir d’événements concrets, de manifestations réelles et non des songes plus ou moins collectifs. On pourrait, peut-être rapporter cette allégorie à quelque passage traditionnel des anciens Mystères où les malheureux auraient supplié le diable de leur venir en aide. On ne trouve aucune trace de ce genre de scène fans les spectacles en question. D’autre part l’idée de travail honnête que contient l’expression, s’accord très mal avec celle de damnation. Par contre, retenir par la queue un animal qui cherche è s’échapper est l’image même d’une agitation et d’un effort un peu désespéré, au résultat précaire. En général, tenir un animal par la queue est le plus mauvais moyen de la maîtriser, celui qui donne le plus de peine et qui en outre présente toujours le danger de se soulier avec des excréments. Mais pourquoi essayer de ternir le diable?
Les pièces de monnaie, le diable et la croix
L’expression semble signifier dès le départ, que malgré le travail on manque d’argent pour vivre. Et Madame de Sévigné écrit: «Faut-il toujours labourer et tirer le diable par la queue? »Or, autrefois on disait d’une bourse vide qu’elle contenait le diable, cela à cause de la croix que portaient au revers les anciennes pièces de monnaie. Cette croix était le symbole de l’argent. La croix gravée sur les louis et les pistoles était donc la seule image qui puisse chasser le diable qui, par contre, pouvait loger à son aise, dans une bourse tout à fait vide. Les anciennes bourses étaient fermées par un lacet (= le cordon de la bourse), que l’on serre ou l’on desserre selon les besoins, et qui sert à la suspendre à la ceinture ou à la porter à la main. Il est fort probable que ce cordon, quand le sac est vide, c’est la queue du diable.En italien on traduit l’expression par « Faticare a sbarcare il lunario».