Concetti Chiave
- Le texte extrait de "À la recherche du temps perdu" par Proust dresse un portrait satirique d'un salon bourgeois du début du XXe siècle, mettant en lumière les faux-semblants de cette classe sociale.
- Madame Verdurin est décrite à travers les cadeaux inutiles qu'elle reçoit, symbolisant le mauvais goût bourgeois, attiré par les clichés et la pacotille.
- Le salon de Madame Verdurin est le théâtre de "fumisteries" ou plaisanteries, illustrant l'hypocrisie et la mesquinerie qui dominent les conversations de ses fidèles.
- Proust utilise des métaphores animalières, transformant Madame Verdurin en oiseau de compagnie, pour accentuer son caractère factice et automate.
- Le texte est un réquisitoire contre la bourgeoisie, dénonçant ses défauts et tares à travers la satire et l'ironie, avec Madame Verdurin comme figure centrale.
Texte
« Mme Verdurin était assise sur un haut siège suédois en sapin ciré, qu’un violoniste de ce pays lui avait donné et qu’elle conservait quoiqu’il rappelât la forme d’un escabeau et jurât avec les beaux meubles anciens qu’elle avait, mais elle tenait à garder en évidence les cadeaux que les fidèles avaient l’habitude de lui faire de temps en temps, afin que les donateurs eussent le plaisir de les reconnaître quand ils venaient. Aussi tâchait-elle de persuader qu'on s'en tînt aux fleurs et aux bonbons, qui du moins se détruisent ; mais elle n'y réussissait pas et c'était chez elle une collection de chauffe-pieds, de coussins, de pendules, de paravents, de baromètres, de potiches, dans une accumulation de redites et un disparate d'étrennes. De ce poste élevé elle participait avec entrain à la conversation des fidèles et s’égayait de leurs « fumisteries », mais depuis l’accident qui était arrivé à sa mâchoire, elle avait renoncé à prendre la peine de pouffer effectivement et se livrait à la place à une mimique conventionnelle qui signifiait sans fatigue ni risques pour elle, qu’elle riait aux larmes. Au moindre mot que lâchait un habitué contre un ennuyeux ou contre un ancien habitué rejeté au camp des ennuyeux,- et pour le plus grand désespoir de M. Verdurin qui avait eu longtemps la prétention d’être aussi aimable que sa femme, mais qui riant pour de bon s’essoufflait vite et avait été distancé et vaincu par cette ruse d’une incessante et fictive hilarité—, elle poussait un petit cri, fermait entièrement ses yeux d’oiseau qu’une taie commençait à voiler, et brusquement, comme si elle n’eût eu que le temps de cacher un spectacle indécent ou de parer à un accès mortel, plongeant sa figure dans ses mains qui la recouvraient et n’en laissaient plus rien voir, elle avait l’air de s’efforcer de réprimer, d’anéantir un rire qui, si elle s’y fût abandonnée, l’eût conduite à l’évanouissement. Telle, étourdie par la gaieté des fidèles, ivre de camaraderie, de médisance et d’assentiment, Mme Verdurin, juchée sur son perchoir, pareille à un oiseau dont on eût trempé le colifichet dans du vin chaud, sanglotait d’amabilité ».
Analyse
Le passage, tiré de A la recherche du temps perdu, est très significatif pour se faire une idée d’un salon bourgeois du début du XX siècle. Il est aussi significatif pour le portrait satirique que Proust nous fait de cette classe sociale composée de faux-semblants. On propos de de partager le texte en trois parties : le salon bourgeois, le portait satirique er la conclusion
Le sujet de conversation favori des « fidèles » du salon de Madame Verdurin est constitué par des « fumisteries », c’est-à-dire les plaisanteries lancées par l’un et par l’autre. Pour prendre part active à la conversation, il vaut mieux parler des présents (les « habitués ») où mieux ders absents (= « un ancien habitué rejeté au camps des ennuyeux »). La fin de l’extrait illustre l’état d’esprit général de la petite assemblée par l’expression « ivre de camaraderie, de médisance et d’assentiment ». Le salon bourgeois se prend lui-même pour cible et étale sous les yeux de l’observateur ses défauts et ses tares.
Madame Verdurin est d’abord reflétée à travers les cadeaux qu’on lui offre. L’énumération faite de bric et de broc, met en évidence un tas de choses inutiles, sans valeur. On peut voir ici une satire du goût bourgeois, attiré par le cliché, la pacotille, ce qui avait été déjà dénoncé par Flaubert. Madame Verdurin nous est présentée perchée sur son tabouret qui à la fin devient un perchoir sur lequel elle perchée comme un perroquet. Ce zoophormisme se retrouve dans l’utilisation de certaines expressions qui transforment Mme Verdurin en oiseau de compagnie « ses yeux d’oiseau », « juchée sur son perchoir, pareille à un oiseau dont on eût trempé le colifichet dans un vin chaud ». Enfin, le rire factice de Madame Verdurin fait d’elle une sorte d’automate, qui agit ainsi sans en connaître la véritable raison. Monsieur Verdurin nous est présenté comme l’ombre de madame Verdurin. Il est désespéré de ne pas pouvoir participer à cette conversation car il est incapable de s’imposer. Le passage est parcouru par le champ lexical du factice, appliqué soit aux objets qu’aux personnes. « fumisteries », « mimique conventionnelle », « prétention », « incessante et fictive hilarité », « elle avait l’air de s’efforcer », « cacher », etc.
Le tableau peint dans ce texte par Proust peut être considéré comme un réquisitoire. En effet, la bourgeoisie y est sans cesse dénoncée comme un monde dans lequel la mesquinerie et l’hypocrisie dominent. Pour faire cela, Proust utilise la satire e l’ironie, en tournant en dérision non seulement le sujet central, constitué par Madame Verdurin, mais aussi tout ce qui est en rapport avec elle, c’est-à-.dire son mari, ses invités et le décor qui est assimilé à une sorte « d’accumulation de redites » Il faut rappeler que Proust connaissait très bien le milieu qu’il dénonce ici, car il y avait consacré une partie de sa jeunesse, tant à Cabourg qu’à Paris.
Domande da interrogazione
- Quel est le rôle des cadeaux dans le salon de Mme Verdurin?
- Comment Proust décrit-il Mme Verdurin dans ce passage?
- Quel est le sujet de conversation favori dans le salon de Mme Verdurin?
- Comment Proust utilise-t-il la satire dans ce texte?
- Quel est l'état d'esprit général des participants au salon de Mme Verdurin?
Les cadeaux, bien que souvent inutiles et sans valeur, sont exposés par Mme Verdurin pour que les donateurs puissent les reconnaître, illustrant ainsi une satire du goût bourgeois.
Proust utilise des métaphores animales et des expressions satiriques pour dépeindre Mme Verdurin comme un oiseau sur un perchoir, soulignant son rire factice et son rôle central dans le salon.
Les conversations dans le salon de Mme Verdurin tournent principalement autour des "fumisteries", des plaisanteries et des commérages sur les présents et les absents.
Proust emploie la satire et l'ironie pour critiquer la bourgeoisie, en ridiculisant Mme Verdurin, son entourage, et le décor de son salon.
Les participants au salon sont décrits comme étant "ivre de camaraderie, de médisance et d’assentiment", illustrant un environnement dominé par l'hypocrisie et la superficialité.