Beaumarchais, Pierre-Augustin Caron de - Théâtre

Le théâtre

Après quelques échecs, Beaumarchais réussit brillamment dans le théâtre avec deux comédies : Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro. Le fond de ces deux pièces n’est nullement original. Le Barbier de Séville reprend le thème classique de la comédie italienne qui est aussi le sujet de la pièce de Molière, L’école des femmes. Beaucoup de situations, d’effets et de mots sont empruntés à Molière, ou à Scarron. Le Mariage de Figaro est la suite du Barbier de Séville et les deux pièces eurent beaucoup de succès, marquant aussi le triomphe de la comédie d’intrigue.
Beaumarchais utilise tous les procédés du comique afin de faire rire son auditoire. Le comique dérive du caractère de certains personnages, du langage, des gestes, et de la situation. Il y a aussi un comique philosophique car souvent le valet est plus intelligent que son maître. Une grande nouveauté est constituée par le caractère de Figaro. Figaro n’est plus un valet comme le Scapin de Molière ; c’est un homme qui est au-dessus de sa condition, que la société oblige à vivre d’expédients, qui n’en garde pas moins un cœur sensible avec un esprit de révolté.
Cette nouveauté en entraîne une autre. Par l'intermédiaire de Figaro, dans Le barbier de Séville, Beaumarchais fait passer ses messages dans la pièce : l'auteur fait une satire de la noblesse. Il défend aussi la condition des valets. Beaumarchais fait par ailleurs la satire d'une société établie sur les privilèges de naissance. Dans Le mariage de figaro, l’écrivain dénonce des privilèges archaïques de la noblesse et plus particulièrement de l'aristocratie, comme l’un des signes avant-coureurs de la Révolution française, donc comme une œuvre politique et satirique de la société inégalitaire et de la justice vénale d'Ancien Régime. À ce propos, la suivante phrases prononcée par figaro est très significative : « Aux vertus qu’on exige dans un domestique, votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valet ? » En effet, dans les deux pièces, Figaro tient tête au conte d’Almaviva par la force de ses dons naturels ou il ne lui cède qu’en criblant d’épigrammes la classe noble et le régime qui a fait d’elle une privilégiée. Cette attaque se dirige aussi contre la magistrature. Dans Le Mariage de Figaro, au cinquième acte, Figaro devient un véritable tribun et il lance à la société son monologue célèbre, une sorte de révolte plébéienne qui annonce la violence de la Révolution. Figaro est un personnage très vivant et original parce qu’il représente Beaumarchais lui-même. Le rire qui se dégage des deux pièces devient parfois sarcastique et menaçant. Rarement, il rappelle celui de Molière qui naissait de la vision éternelle du caractère humain.